dimanche 13 octobre 2013

Nouveau-Né en Amérique

On y est, 1 an! Quel bébé! Il y a un an, je prenais l'avion en direction de l'Amérique! Aaaaahhhh l'Amérique "Je veux l'avoir et je l'aurai". Et bien il s'avère que la tâche est un peu plus difficile que je ne le pensais. Mais finalement peu importe, j'ai dit que je l'aurai, j'ai pas dit quand ni comment. 

A l'arrivée, quelle sensation étrange, personne ne m'attendait vraiment à l'aéroport. Une navette réservée à l'avance pour m'amener vers une adresse inconnue. Tard le soir, aucun moyen de vraiment voir vers où je me dirigeais. Ma seule indication, celle du chauffeur qui me demande ce que je vais faire dans ce trou paumé. Moi, pas de réponse. A l'arrivée, une attente qui paraît infinie dans la rue, mes deux valises tout près et la compagnie d'un groupe de chatons qui viennent me renifler et me montrer un peu d'affection, enfin! Le personne se pointe finalement et me file les clés prenant bien soin de prendre par avance tout mon argent et plus que prévu, et oui, être autorisée à utiliser la cuisine c'est pas compris dans le prix déjà exorbitant du loyer pour une chambre misérable, dans une maison un peu misérable, avec un salle de bain misérable dans un quartier misérable qui n'a même pas le luxe d'être dans Los Angeles. Bref!


Je passe certains détails qui prendraient trop de place et des années de thérapie à écrire. 


Chapitre voiture. Aaah, la voiture... Ici, on est pas à New York. Ici, le marche ou crève n'est pas que figuré. Y'a pas photo! Si un jour on se rencontre et que vous me posez la question, que l'on m'a déjà mille et une fois posé, comment c'est L.A? Je vais vous répondre la même réponse que j'ai déjà mille et une fois donné (en essayant tout de même de vous la personnaliser parce que toi, oui toi, tu es unique mais bon): "Tout est très espacé, il n'y a pas de centre et sans voiture L.A est un calvaire." Je remarque malgré tout que j'ai toujours un peu de chance dans mon malheur. Après onze jours passés dans cette chambre misérable, dans cette maison un peu misérable avec une salle de bain misérable dans ce quartier misérable en dehors de L.A, mon autre et moi avons emménagé en collocation dans le quartier au nom brillant de Silver Lake. Qu'est-ce que je le trouve beau ce nom. Pas vous? Tu t'imagines demander en France "-Tu habites dans quel quartier de Paname? - J'habite au Lac d'Argent." La classe. Bref, Silver Lake c'est ce quartier un peu beaucoup hipster, oui il y a bien un lac et le paysage architectural est complètement soumis aux ups and downs des collines qui le composent. Par contre, je parle de paysage architectural mais à L.A, va la trouver la cohésion architecturale... hmm, moi pas savoir! Mais qui dit Silver Lake, dit être encore plus loin de mon travail et toujours sans voiture. Deux semaines de bus et de métro intense dans L.A. Oui, il y a bien un métro à L.A mais rien de comparable à Paris ou NYC. Me voilà partie chaque matin pour deux heures de course contre la montre et contre mon déodorant.
Donc pour en revenir à ma chance dans mon malheur ou comment tomber (pardonnez-moi mon français) dans la merde et se relever en sentant la rose, quelques semaines après l'installation au Lac d'Argent, un de mes collègues de boulot emménage à 5 minutes de chez moi. Bonheur! Bien sûr, un "bonheur" n'arrive jamais seul et me voilà à faire des heures supp de malade parce que le collègue lui, bosse comme un fou. Je passe encore ici, cette fois pour des raisons éthiques, sur les détails qui expliqueraient d'avantage le pourquoi du comment. Mais voilà mon cadeau de l'Univers, c'est bien cette aide impromptue. En plus de cela, ce jeune homme plein de bonnes manières décide même de me déposer chaque semaine à mes répétitions de danse pour la compagnie que je viens d'intégrer. 
J'ai depuis ce jour bien compris que rien ne  se résout en un coup de baguette mais pourtant si on vous en croit capable, certains éléments viendront à votre aide, histoire de vous donner la patience et les moyens d'arranger votre situation pour de bon. Cela prend malgré tout du temps. Finalement après 5 mois prisonnière de mes jambes, la possibilité s'offre à moi de l'avoir cette voiture. Et le destin fait parfois bien les choses. Je le voulais mon rêve américain, et bien la voilà la Mustang! Bon oui, je l'accorde, elle est de 1998, au compteur le kilométrage (miles) risquerait de vous faire peur et les freins sont à changer ASAP (As Soon As Possible) mais tout de même, ma belle est là, pour moi, pour me servir et ce petit V6 alors....hmmmm qu'est-ce qu'il boit mais qu'est-ce qu'il est puissant! C'est mon homme ma voiture.

Aujourd'hui, je commence à régler une de mes petites préoccupations: trouver mon "Mom and Pop" café (c'est à dire l'endroit qui n'est pas Starbuck, qui n'est pas The Coffee Bean, qui n'est pas toutes ces chaînes de café). J'en parle parce que profiter de sa nouvelle vie ça commence par apprivoiser son quartier. Pour vous situer sur la carte, je vis à Mar Vista (j'ai déménagé), tout près de Venice Beach et Santa Monica. De connaissance en connaissance, on m'a fait découvrir cet endroit français et pas que, mais aussi niçois (oui, oui, accent du sud et salade niçoise, la vraie). Une nouvelle vie ça ne veut pas dire totalement rompre avec l'ancienne, c'est se reconstituer soi, dans un nouvel environnement. C'est d'ici que je vous écris. Reconnecter avec les choses simples et être seule dans la foule l'histoire de quelques heures. Venice/Abbot Kinney. Zinque. Le sentiment de ne pas être trop loin de la maison. Enfin, je vais pas m'arrêter qu'ici mais déjà, j'aime bien. Je vous y amènerai un jour.


Je pourrais en raconter encore des pages, mais le but ici ce n'est pas de vous raconter tous les raccourcis que je n'ai pas pris. J'avais envie de partager avec vous les débuts d'une expatriée dans une ville qui, malgré toutes les fois où j'ai dit que je voulais être à NYC, me va, me semble-t-il à ravir. On entend que si on y arrive à NYC, on peut y arriver partout...moi je vous dis que si on y arrive à L.A, on y arrive aussi partout. Enfin, je veux pas entamer une guérilla East Coast/West Coast, elle existe déjà, c'est comme Paris et le reste de la France, ou le Nord et le Sud, ou La Corse et La France... on est partout tous les mêmes. La ville des Anges Déchus, si j'y suis, c'est que je devais y être. Elle est faite pour moi. Elle est faite pour ma solitude et pour toutes les fois où je recherche la compagnie. Ça t'apprend la vie cette histoire.


Je ne pensais pas parcourir autant en un an. Sincèrement, Dieu merci, car je suis bien mieux aujourd'hui qu'il y a 12 mois mais en même temps rien ne se construit en un jour. J'ai fait le pari de tout recommencer à zéro, pour la deuxième fois. J'ai dit deuxième, pas seconde car qui sait où je (vous) serais demain. 

Ça pique un peu aujourd'hui mais j'en aurais des histoires à raconter une fois toute ridée. Oui, les proches et les habitudes manquent mais le risque m'apprend tellement. Prenez des risques, donnez-vous un peu de temps et regardez ensuite derrière vous en nommant la toile que vous venez de tisser. RIEN n'arrive par hasard, tout est fait pour vous servir et vos difficultés ne se manifestent que pour vous emmener plus loin. Plus vos rêves sont grands plus grandes seront vos batailles. Mais si vous l'avez choisi, vous serez assez fort pour tout affronter. Aucune solution ne vous sera donnée mais la fin justifie les moyens et par là je veux dire que si vous vous trouvez face à vous-même, par survie, vous trouverez les ressources en vous et vous sortirez pour trouver ce qui vous emmènera un poil plus loin. 

Une chose est vraie, je le comprends mieux aujourd'hui et surtout l'accepte sans plus de rébellion, chaque départ est comme une nouvelle entaille. C'est Monsieur Dassin qui le dit "Ça commence par un peu de chagrin l'Amérique".